Covid-19: quel impact sur les réfugiés?

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a réalisé, en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), une enquête auprès des réfugiés au Maroc. Cette opération, menée du 2 au 8 juin 2020, a pour objectif d’évaluer l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la situation économique, sociale et psychologique de cette population.

 

Voici l’essentiel de cette enquête :

Caractéristiques de la population des réfugiés au Maroc

L’effectif des réfugiés au Maroc s’établit à environ 7.000 personnes, 6 sur 10 (61%) sont des hommes, 3 sur 10 (30,3%) âgés de moins de 18 ans et 2 sur 3 (67,2%) de 18 à 59 ans. La part des personnes âgées de 60 ans et plus est de 2,5%.

Presque la totalité des réfugiés (98.5%) est arrivée sur le territoire marocain après l’année 2000. La moitié d’entre eux (50,3%) sont arrivés depuis 2015, 34,3% entre 2010 et 2014 et 13,9% entre 2000 et 2009. L’ancienneté moyenne des réfugiés au Maroc est de 6,2 ans.

Caractéristiques des chefs de ménages réfugiés au Maroc

Le nombre de ménages réfugiés au Maroc est de 2.168 unités. Le tiers de ces ménages (32,3%) sont d’origine syrienne, 16,9% centrafricaine, 16,6% yéménite et 8,9% sud-soudanaise

Plus de la moitié des chefs de ménages réfugiés (55,7%) sont célibataires, les femmes (70,4%) nettement plus que les hommes (52,5%). Quatre chefs de ménages réfugiés sur 10 (39,2%) sont mariés, les hommes (45,2%) plus que les femmes (11,5%). Les divorcés représentent 3,1%

Comportements des réfugiés dans le contexte du confinement

Sept ménages réfugiés sur 10 (70,3%) se sont confinés depuis l’adoption de l’état d’urgence sanitaire au Maroc et 23,3% depuis la date de fermeture des écoles. Presque tous les réfugiés (99,3%) ont respecté les mesures de confinement sanitaire, 90,4% un respect total et 8,9% partiel (respectivement 79% et 21%pour les ménages marocains).

Approvisionnement domestique

Produits alimentaires de base

La quasi-totalité des réfugiés (95,5%) jugent que les produits alimentaires de base sont disponibles pendant le confinement et 3,5% peu disponibles.

Les deux-tiers (66,1%) considèrent que les prix des produits alimentaires de base n’ont pas changé, proportion qui atteint 80% aussi bien parmi les ménages syriens que ceux présidés par une personne âgée de 50 ans et plus.

En revanche, près du tiers (31,6%) des ménages réfugiés considère que ces prix ont augmenté.

Disponibilité des médicaments

Plus du tiers (37,2%) des réfugiés disposent de médicaments en quantités suffisantes et 11,2% en quantités insuffisantes. La moitié (51,6%) n’en disposent pas, 56,2% d’entre eux n’en avaient pas besoin et 40,4% en raison du manque d’argent.Plus des deux-tiers (68,1%) des ménages réfugiés disposent de bavettes et de masques de protection en quantités suffisantes, 24,9% en quantités insuffisantes et 7% n’en disposent pas.

Emploi et sources de revenu

Parmi les 43,8% des chefs de ménages réfugiés actifs occupés, 87,1% ont cessé d’exercer leur emploi pendant le confinement, 5,7% contre une indemnité et 81,4% sans aucune indemnité. La cessation d’activité concerne 78,5% des Yéménites, 86,4% des Syriens, 89,4% des Centrafricains et 94,8% des Ivoiriens.

 

Parmi les réfugiés ayant perdu leur emploi suite au confinement, 6,1% ont reçu une aide de la part de l’employeur ou de l’Etat. La moitié des aides reçues (49,3%) provient des employeurs, sous forme de salaires ou de congés payés et 29,6% de l’Etat, notamment,à travers le programme d’aide aux salariés formels inscrits à la CNSS.

 

Accès à l'enseignement et à la formation à distance

Près de la moitié des ménages réfugiés (51,6%) ont des membres scolarisés au titre de l’année 2019-2020, 39,1% au primaire, 11% au collège, 4% au secondaire, 52,4% au supérieur et 7,4% à la formation professionnelle.

79,1% des ménages réfugiés affirment que leurs membres scolarisés ont suivi les cours à distance, 42,8% de façon régulière et 36,3% de façon irrégulière. Le suivi régulier des cours à distance représente 55,2% au primaire, 58% au collège, 68,8% au secondaire, 61,5% au supérieur et 24,3% à la formation professionnelle.

 

Il est à relever, néanmoins, que pour 20,9% des ménages réfugiés, les membres scolarisés ne suivent pas les cours à distance, 23,8% parmi les ménages dirigés par un homme et 11,3% parmi ceux dirigés par une femme.

Accès aux services de santé

Parmi les 31% de réfugiés souffrant de maladies chroniques, 62,8% ont accédé aux services de santé pendant le confinement sanitaire. Cette proportion varie de 56,2% parmi les Centrafricains à 70,7% parmi les Ivoiriens passant par 59,8% parmi les Syriens et 64,7% parmi les Yéménites.

 

De même, parmi les 36,6% de réfugiés souffrant de maladies passagères, 73,8% ont accédé aux services de santé, 71,8% parmi les ménages dont le chef est un homme et 80,4% parmi ceux dirigés par une femme.

 

Impacts psychologiques sur les réfugiés

L’anxiété, la dépression ou la peur constituent le principal impact psychologique du confinement sanitaire sur les réfugiés avec une part de 52,5%, 55,1% parmi les ménages dont le chef est une femme et 52% parmi ceux dirigés par un homme. Le sentiment de privation de liberté d’action est également un impact ressenti par 50,8% des réfugiés, relativement plus parmi les ménages dirigés par un homme (52,7%) que parmi ceux dirigés par une femme (42%).

 

D’autres effets psychologiques pèsent également sur le comportement des réfugiés dont les troubles de sommeil qui interviennent pour 29,7%, l’hypersensibilité ou nervosité (14,4%), les troubles d’appétit (8,8%) ou les sentiments obsessionnels (8,1%).

 

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